Quand j’étais photographe


Quand j’ai commencé la photographie, en noir et blanc exclusivement, j’étais totalement imprégné de l’esprit Cartier-Bresson : photos prises sur le vif, au moment décisif, composition géométrique, pas de recadrage.
Mais avec les années les choses ont changé, il m’a fallu petit à petit abandonner le noir et blanc et laisser le Leica au placard, pour faire de plus en plus de couleur, davantage commerciale. Sans compter que l’évolution du droit à l’image (dans une certaine mesure, cependant, légitime), nous a obligé à éradiquer tout personnage identifiable sur nos photos et a fini par sonner le glas d’une photographie qui restait dans la lignée humaniste.
L’achèvement du processus de transformation s’est radicalisé avec l’arrivée du numérique qui m’a fait, comme à la plupart des photographes, franchir une nouvelle étape, pour m’éloigner encore plus de l’esprit de mes débuts. Je le regrette, mais en même temps l’évolution des technologies a rendu le travail plus facile ou quelquefois plus ludique et m’a permis d’aborder la vidéo qui m’a toujours, aussi, plu.
Les moyens techniques à mettre en œuvres sont faciles à acquérir, les ordinateurs pour le traitement de la photo permettent aisément de faire du montage, et j’avoue retrouver une sorte de satisfaction créative dans les reportages vidéo que je réalise (sur des peintres, sur l’architecture…).